Comment sont jugés les sportifs lors des événements ?
Lors des différents événements sportifs organisés sur la station de Tignes, il faut toujours finir par départager les concurrents. Pour cela, on fait appel à des juges qui ont pour mission de rendre un verdict, de distribuer les points et les notes qui permettront par la suite d'établir un classement et donc de désigner le vainqueur de l'épreuve. Comment sont jugés les athlètes ? qui sont les juges en charges de cette mission de l'ombre pourtant capitale à toute épreuve sportive ? Focus sur ce job pas comme les autres avec William Cochet, juge cette saison sur l'événement freeride des French Freeride Series.
Rencontre avec William Cochet
quel est ton parcours ?
William Cochet : J’ai moi-même fait de la compétition pendant une dizaine d’années, avant d’endosser le rôle de porte-parole des riders. J’ai toujours eu la volonté de faire évoluer mon sport ; c’était donc naturel pour moi de poursuivre ma carrière dans le jugement.
Faut-il nécessairement avoir fait soi-même de la compétition pour juger une compétition en freeride ?
Non, ce n'est pas une obligation. Mais c’est forcément plus simple de comprendre et bien utiliser les critères de jugement quand on est soi-même pratiquant. On le fait de manière automatique.
Quelles sont, selon toi, les qualités humaines et techniques indispensables pour devenir juge freeride ?
L'impartialité est certainement la première des qualités quand on juge une compétition… mais c’est l’expérience qui permet de repérer les points de bonus et malus lorsqu’on observe un run ! Il faut aussi faire preuve de pédagogie pour expliquer nos choix après course, tout en écoutant les retours des riders en cas de désaccord ou d’incompréhension.
Quelle est la part d’objectivité et de subjectivité dans la notation d’un run ?
La part d’objectivité est majoritaire, c’est le côté « mathématique » de notre métier. Tout au long du run du rider, on ajoute et enlève des points en suivant un tableau de bonus et malus très précis que nous appliquons. La subjectivité vient dans un second temps, quand il faut arbitrer entre des runs proches les uns des autres. On se fie alors à notre instinct, notre impression générale.
Qu’est-ce qui te plait le plus dans le fait de juger une compétition ?
Le sport ! Je suis un passionné de sport avant tout.
Au contraire, qu’est-ce que tu trouves le plus difficile ?
Le froid… Ça peut être parfois très long quand le froid te prend.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui va participer à sa première compétition en freeride ? Entraînement, prépa mentale, état d’esprit…
Tout d'abord, il faut rider entre potes afin de se tirer la bourre en skiant avec plaisir... Puis il faut prendre un 1er départ afin de ressentir et d'appréhender la pression d'une compétition !
Qu’est-ce qui fait qu’on prend goût à la compétition ? Quels seraient selon toi les arguments imparables pour inciter un jeune (ou moins jeune) à s’inscrire au FJT 3* ou FWQ 1* de Tignes ?
Je pense que chacun y trouve ce qu'il recherche. Pour moi, ça toujours été le fait de se dépasser mentalement. Prendre un départ de compétition, c'est devoir maitriser ses nerfs… On perd vite ses moyens une fois dans l'arche de départ ! Mais quand on trouve la bonne formule et qu’on se sent bien dans son run, le sentiment une fois la ligne d'arrivée passée est sans pareil !
As-tu quelques clés à donner aux spectateurs néophytes pour comprendre et profiter de la compétition ?
Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de chose à comprendre pour les spectateurs, il faut juste regarder la compétition comme on regarderait un film de ski... mais en direct. La plupart du temps, le vainqueur est tout simplement celui qui a fait le run le plus impressionnant.
As-tu une anecdote à partager à propos d’une compétition passée ? Ex. un désaccord de note assez drastique avec d’autres juges, un run qui t’a particulièrement marqué, peut-être as-tu assisté à la « naissance d’un champion » sur une compétition passée etc.
La Nendaz Freeride de l'an dernier, quand nous jugeons que Victor Lourdel est le meilleur sans faire de figures. Ce qu'il a fait ce jour-là était tout simplement stratosphérique au niveau de la taille des sauts et du contrôle. Mais nous savions que tout le monde ne comprendrait pas car d'autres riders avaient fait de nombreux tricks... et ça n'a pas manqué !